Vous avez tendance à partir loin, très loin, dans vos pensées en pleine journée ? Pas de panique, on le fait tous. Mais si vos rêveries deviennent incontrôlables au point de vous déconnecter du réel, vous souffrez peut-être de rêverie compulsive. Et ce n’est pas juste un "petit moment d’absence" : ce trouble pourrait bientôt être reconnu comme un véritable trouble dissociatif. Mise en lumière des effets de ces rêveries envahissantes, qui compliquent sérieusement la vie au quotidien. Une vision soutenue par plusieurs experts du domaine.

Qu’est-ce que la rêverie compulsive ?
On connaît tous les rêveries furtives qui durent quelques secondes, le temps de décrocher un peu. Mais chez les “rêveurs inadaptés”, c’est une toute autre histoire. Certaines personnes peuvent passer plusieurs heures d’affilée plongées dans des mondes imaginaires ultra détaillés, qu’elles ont façonnés au fil des années. Intrigues complexes, personnages récurrents, univers parallèles : c’est du storytelling digne de Netflix… dans leur tête.
Selon une étude, ces rêveurs passeraient en moyenne près de la moitié de leur journée éveillée dans cet état d’évasion mentale. Et si ces scénarios sont souvent gratifiants, voire euphoriques, le besoin d’y retourner devient parfois compulsif. Résultat : une vraie difficulté à se reconnecter au réel. Quand la rêverie est interrompue, certains ressentent même de l’agacement, voire de la frustration. Beaucoup expliquent qu’il leur est presque impossible de freiner ou de limiter ce temps “hors du monde”. Une forme de dépendance qui, à terme, peut empiéter sur la vie sociale, pro ou scolaire.
Rêverie compulsive : quelles sont les causes de ce phénomène ?
Selon certains chercheurs, les personnes sujettes à la rêverie compulsive auraient un talent naturel pour s’immerger dans des univers imaginaires très vivants. Souvent, cette capacité se manifeste dès l’enfance : en pleine détresse, ces jeunes cerveaux comprennent qu’ils peuvent s’évader mentalement pour se protéger. Résultat ? Ils construisent un monde intérieur rassurant, un espace où fuir quand la réalité devient trop dure à encaisser.
Pour beaucoup, cette rêverie devient alors un mécanisme d’adaptation. Elle permet de se distraire d’un quotidien difficile, de digérer un traumatisme ou de combler un vide lié à l’isolement social. Mais attention : ce qui commence comme un “système D” peut vite se transformer en piège. À force de s’y réfugier pour apaiser des émotions négatives, certains finissent par développer une vraie dépendance. Et le cercle vicieux s’installe : plus on rêve pour fuir, plus on entretient les douleurs qu’on voulait éviter. Ce trouble s’accompagne souvent d’autres pathologies : TDAH, anxiété, dépression, voire TOC. D’ailleurs, une étude a montré que plus de la moitié des “rêveurs compulsifs” présentaient aussi des signes de TOC. Un lien ? Peut-être. Les chercheurs évoquent des mécanismes communs comme les pensées intrusives, la dissociation ou encore un manque de contrôle mental.