Nos phrases débordent de petits mots qu’on ne remarque même plus : "euh", "genre", "du coup", "bah". Des réflexes qui se glissent partout, surtout quand on veut aller vite. Mais sur TikTok, un mouvement émerge pour les chasser. Le "Talking Without Filler Words Challenge", littéralement, parler sans mots remplisseurs poussant les utilisateurs à s’exprimer plus consciemment. Ce challenge remet la lenteur, le silence et la clarté au centre. Et si, finalement, on apprenait à mieux parler ?

Quand la vitesse prend le pas sur la parole
Dans une société où tout va vite, on a peu à peu intériorisé ces mots « remplisseurs » comme des solutions de secours, des moyens de garder le rythme. Nous parlons plus vite que nous pensons, les conversations s’enchaînent sans pause, on tente de suivre le rythme et nos mots deviennent des réflexes pour combler le vide ou garder le contrôle. A force de parler, on finit par se perdre dans nos propres phrases. On n’ose plus laisser de silence, par peur de casser le lien, de paraître confus ou de perdre l’attention de l’autre. Sauf qu’en voulant garder le fil, ces "euh", "genre" peuvent altérer la crédibilité de celui ou celle qui parle. Ce challenge devient un exercice pour oser le silence, choisir ses mots, et s’assumer pleinement quand on parle.
Quand la parole devient un miroir de soi
Le succès de ce challenge n’a donc rien d’un hasard. Il révèle une envie plus large : reprendre le contrôle sur sa manière de s’exprimer, et par extension, sur la manière dont on se perçoit. Au fond, la manière dont on parle raconte beaucoup de la façon dont on pense. Et si ces mots parasites nous échappent, c’est souvent parce qu’on n’a pas pris le temps de respirer, de formuler, de ressentir ce qu’on dit. Ce challenge touche parce qu’il met en lumière quelque chose que beaucoup ressentent : cette peur du vide, du silence, de ne pas être assez fluide ou "intéressant". Alors on comble, on meuble, on "euh". Mais en le faisant, notre discours s’affaiblit et souvent, notre image de nous-mêmes.
Le silence : un superpouvoir d’éloquence
Apprendre à ne pas combler chaque pause, c’est apprendre à maîtriser son rythme. Le silence donne du poids aux phrases, laisse le temps de rassembler ses idées, et projette l’image de quelqu'un qui semble sûr de soi, réfléchi, et en contrôle. Ce n’est pas un simple exercice d’éloquence : c’est une discipline mentale, presque méditative.
Pour repérer ces petits mots parasites, certains utilisent une astuce : demander à un ami de faire un signe discret chaque fois que vous en dites un. Une manière ludique de prendre conscience de votre discours et d’apprendre à s'autocorriger.
Une introspection à voix haute
Ces tics de langage viennent souvent d’un manque de fluidité orale ou d’une difficulté à bien prononcer certains mots. S’auto-enregistrer permet de repérer facilement les tics utilisés et par la suite essayer au fur et à mesure de moins les employer. C’est une forme d’auto-observation qui aide à penser plus clairement et à se reconnecter à la version la plus confiante de soi-même.
Ce challenge révèle un besoin collectif : reprendre le contrôle sur sa manière d’exister à travers la parole. Peu à peu, on apprend à maîtriser son discours, son rythme et son souffle, ce qui crée une présence plus ancrée, une voix plus posée, et surtout une confiance qui s’entend. Sur un réseau où tout s’enchaîne à 1,5x, le "Talking Without Filler Words" ralentit le tempo. Cette tendance invite à la présence, à la maîtrise et redonne toute sa valeur à la parole.