À la croisée du bien-être et de la nutrition, Lucile Champy signe Le grand livre de l'alimentation saine, un ouvrage de référence pour toutes celles et ceux qui veulent mieux comprendre ce qu’ils mettent dans leur assiette. À travers ce livre complet, coécrit avec Emna Everard et l’équipe de Kazidomi, l'experte en nutrition décrypte les enjeux d’une nutrition plus consciente, plus naturelle, et plus respectueuse du corps. À l'occasion de la sortie de son ouvrage, Lucile Champy a accordé une interview exclusive à Swipe Up, dans laquelle elle explore la place du sucre dans notre quotidien.

Quelles sont les erreurs les plus fréquentes quand on essaie de diminuer le sucre ?
L’erreur la plus fréquente est d’arrêter les glucides, et ce de manière brutale, sans adapter le reste de son alimentation. Il faut savoir aussi que les glucides sont très importants chez les femmes, qui sont des machines à hormones. Si elles veulent une bonne santé thyroïdienne, il leur faut des glucides. Ou alors il faut savoir compenser avec les autres macronutriments, notamment les lipides, pour faire en sorte que l'organisme produise des cétones, des molécules que le cerveau adore pour son carburant.
La deuxième erreur est d’arrêter le sucre à un moment où il ne faut pas. Par exemple, on se dit : "Pas de sucre (sous-entendu : glucides) ce soir, je mange un repas avec de la viande et des légumes si on fait ça tout le temps", c’est contre-productif. Si on suit notre rythme physiologique, c’est à ce moment-là que le corps a besoin de glucides complexes. La nutrition est une vraie science, et c’est dommage de ne pas l’apprendre à l’école !
Est-ce qu’il y a des aliments "pièges" dans lesquels on ne soupçonne pas la présence de sucre ?
Les produits "sans sucre ajouté" ne sont pas forcément ce qu'ils semblent être. Un exemple tout simple, la compote sans sucre ajouté : le produit est naturellement sucré. Le fruit a été mixé et cuit, son index glycémique est donc beaucoup plus élevé que si vous mangiez une pomme.
Autre exemple : les smoothies et les jus verts peuvent être également de faux amis. Il faut faire attention aux spots dits "healthy" à Paris, par exemple. On se retrouve très souvent face à un smoothie contenant plus de fruits que de légumes, et donc une teneur en sucres élevée. C’est pareil pour les jus verts : si le premier ingrédient est de la pomme, c’est un fruit hyper riche en fructose. À terme, le foie s'engraisse plus facilement.
Quels sont les meilleurs aliments ou astuces pour calmer une envie sucrée sans tomber dans la frustration ?
Il existe plusieurs alternatives ! On peut utiliser des substituts naturels comme le sirop de yacon, les sirops d’alcool (toujours avec parcimonie pour éviter les désagréments digestifs) et la stévia. Ils sont plutôt fiables. Mais surtout, quand on a envie de sucre, il faut se poser les bonnes questions : est-ce qu’on a assez mangé le midi ? Est-ce qu’on mange assez de protéines au cours de la journée ? Ou est-ce le signe que l’on s’ennuie un peu et qu'on a besoin de se booster ?
C’est peut-être aussi un signe du corps, qui montre qu’on ne produit pas assez de sérotonine, la fameuse hormone du bien-être. Les personnes qui en manquent sont souvent sujettes à la déprime. Elles ont plus de compulsions sucrées. Il faut donc bien réguler son alimentation du matin au soir avec un rééquilibrage alimentaire pour réduire ces pulsions sucrées.
Est-ce qu’une consommation excessive de sucre peut vraiment impacter notre humeur au quotidien ?
Complètement. Quand on a des pics de sucre dans le sang, ils sont toujours suivis d'une hypoglycémie réactionnelle. La chute de sucre dans le sang entraîne forcément une réaction, ce qui a une incidence sur notre fatigue, notre rythme, notre efficacité au travail, notre concentration, nos humeurs.
Le sucre joue sur nos neurotransmetteurs, et ces petites molécules sont des messagers pour notre organisme, qui passent au cerveau.
Avez-vous déjà accompagné des gens qui ont réussi à changer leur rapport au sucre ? Qu’est-ce qui marche vraiment ?
Très souvent, je reçois des personnes ayant des problèmes avec le sucre. La première étape est de réguler l’alimentation tout au long de la journée, dès le petit déjeuner ! Cela passe aussi par un accompagnement micro-nutritionnel, avec un choix ciblé de micronutriments qui vont réduire ces compulsions.
Il y a également un travail d’éducation nutritionnelle. Quand on connaît les pièges, on devient plus sensibilisé. L’objectif n’est pas de suivre un régime, mais de privilégier un accompagnement sur le long terme pour éviter la frustration et profiter de sa vie sociale.