Elles sont pré-adolescentes et se retrouvent de plus en plus dans les allées des magasins Sephora. Sur les réseaux sociaux, des hashtags comme #sephorakids et #kidsatsephora connaissent une forte croissance depuis plusieurs semaines. ABC News et Fashion Network, spécialisé dans la mode, ont récemment mis en lumière ce phénomène. Ce qui attire ces préadolescents ? Des produits de beauté pensés à l’origine pour un public adulte.

Qu'est-ce que les Sephora Kids ?
Avec un âge moyen de 11 ans pour recevoir leur premier smartphone, les fillettes sont très tôt exposées aux codes de la mode et aux tendances des réseaux sociaux. Elles cherchent à imiter leurs modèles, souvent de très jeunes influenceuses comme North West, fille de Kim Kardashian, qui à seulement 10 ans partageait déjà ses routines beauté sur TikTok.
Surnommées "Sephora Kids", ces jeunes stars inspirent un véritable phénomène qui a gagné l’Europe, dont la France. Les marques de cosmétiques en profitent, voyant leurs ventes grimper grâce à cette nouvelle clientèle. Anaëlle Gonzalès, doctorante en sciences de la communication, souligne dans Le Dauphiné Libéré que les dépenses publicitaires visant les enfants ont dépassé 2,9 milliards de dollars aux États-Unis en 2023.
Quels sont les risques pour la peau ?
Sous des apparences inoffensives qui rassurent souvent les parents, ces produits cosmétiques peuvent pourtant représenter un véritable danger pour la santé des enfants. Leur système hormonal est encore en pleine maturation et leur peau, fragile, ne constitue pas une barrière suffisamment protectrice. L’usage précoce de soins anti-âge est inutile et peut même provoquer des réactions immédiates comme des irritations, des rougeurs ou des eczémas.
Mais au-delà de ces effets à court terme, certains ingrédients contenus dans ces produits (comme le rétinol, le resvératrol ou certains extraits végétaux) ont des propriétés de perturbateurs endocriniens. Une exposition trop précoce et répétée à ces substances pourrait augmenter, à long terme, les risques de développer certains cancers une fois adulte.
Au delà d'un phénomène, un danger pour la santé mentale
Depuis son cabinet parisien, Caline Majdalani, psychologue clinicienne et autrice de Traiter la dysmorphophobie, exprime de sérieuses préoccupations concernant la santé mentale de ces jeunes filles. "Au culte de la minceur s’ajoute désormais la quête inatteignable d’une peau zéro défauts. Cette injonction de beauté sur le corps des femmes exerce une pression énorme".
"Et plus jeune vous vous y exposez, plus profonds seront les problèmes". Elle détaille les conséquences multiples : "Complexes exacerbés, dysmorphophobie, anxiété voire dépression… Cette fixette sur l’apparence peut aller jusqu’à obstruer le développement de l’identité".