Chaque mois, voire chaque semaine, TikTok voit émerger une nouvelle tendance. Bien que la dernière en date ait rapidement fait le buzz, elle reste préoccupante et nuisible. Popularisée par plusieurs influenceurs, la tendance du body count consiste à interroger des inconnus sur le nombre de partenaires sexuels qu’ils ont eus au cours de leur vie. Sous couvert d'humour, cette pratique se révèle en réalité dégradante et empreinte de misogynie.

Qu’est-ce que le body count ?
À l’origine, le terme body count (littéralement "décompte des corps") était utilisé dans les faits divers pour désigner le nombre de victimes d’un accident ou d’une catastrophe. Mais sur TikTok, il a pris une toute autre signification : il fait référence au nombre de partenaires sexuels d’une personne. Une tendance que le créateur Ugo Original s’est appropriée dans une série de vidéos virales où il interpelle des passants, principalement des femmes, et invite ses 1,8 million d’abonnés à deviner leur body count.
Sur TikTok, des trends comme "Révèle ton bodycount", "Est-ce que le bodycount compte ?" ou encore "Comment réagir à son bodycount"cumulent des millions de vues. Des influenceurs posent la question à leurs abonnés, des duos explosent entre ceux qui trouvent ça "important" et ceux qui s’en fichent, et des réactions en chaîne enflamment les commentaires. Le sujet revient régulièrement dans des vidéos de débat, notamment avec des podcasts ou des interviews street où l'on demande aux passants si le bodycount est un facteur déterminant dans une relation. Résultat : des clashs, des avis tranchés et des séquences virales qui renforcent encore plus l’obsession autour de ce chiffre.
Un chiffre qui tend vers le masculinisme
Pourquoi tant d'obsession autour du body count ? Celui-ci alimente une vision inégalitaire de la sexualité, où les hommes sont valorisés pour leurs multiples conquêtes tandis que les femmes sont jugées. Une rhétorique héritée des discours masculinistes qui renforce les stéréotypes de genre. Beaucoup voient dans le body count une preuve de fidélité ou d’expérience, ce qui alimente l’insécurité dans les relations. Un vieux cliché qui continue de faire des ravages sur les réseaux sociaux.
Si la question du bodycount fait autant parler, c’est aussi parce que la société est en pleine évolution sur les questions de sexualité et de rapports amoureux. De plus en plus de créateurs de contenu déconstruisent cette obsession, rappelant que la qualité des relations est bien plus importante qu’un simple chiffre. Certains prônent même un "no bodycount era", où chacun vit sa vie intime sans se soucier de ce que les autres pensent. Une tendance qui, espérons-le, finira par s’imposer face aux jugements et aux comparaisons inutiles.