Il y a plus de dix ans, un petit mot venu des États-Unis faisait son apparition sur les blogs et dans les esprits fatigués par la surconnexion : le JOMO. Traduisez Joy of Missing Out, ou la joie de rater quelque chose. Aujourd’hui, il est devenu un vrai lifestyle. Fini les agendas saturés, les "tu viens ?" auxquels on répondait par principe "oui". Le nouveau chic, c’est de savoir dire non. Et pas un non gêné, non culpabilisé. Un non assumé, libérateur, et kiffant. Le JOMO n’est pas une fuite sociale, c’est une manière radicalement moderne de se recentrer.

JOMO : une détox mentale dans un monde en burn-out
À l’origine du JOMO, il y a une prise de conscience toute simple : on ne peut pas être partout à la fois, et surtout, on n’a pas besoin de l’être. En 2012, l’entrepreneur américain Anil Dash théorise le concept en racontant comment, après la naissance de son fils, il met volontairement son téléphone de côté. Résultat : pas de frustration. Au contraire. Il découvre un calme mental qu’il pensait inaccessible.
Ce sentiment, on le connaît tous un peu. Ce moment où on décline une soirée et qu’on se retrouve, sans regret, à savourer sa solitude. Une étude relayée par The Conversation en 2023 confirme cette impression : en se coupant volontairement du tumulte digital, les gens se disent plus créatifs, plus attentifs, plus détendus. Et spoiler : aucun d’eux ne parle de "manque". Plus fort encore, lors de la panne géante de Facebook/Instagram/WhatsApp en octobre 2021, une partie des utilisateurs ont ressenti un vrai soulagement. Six heures de silence, de calme, sans FOMO. Comme une parenthèse. Et si c’était ça, le vrai luxe moderne ?
Cocooning is the new clubbing
Sur TikTok, le hashtag #JOMO a explosé. Des dizaines de millions de vues pour des vidéos de soirées solo ultra-soft. Des influenceuses comme Jordanna racontent, en peignoir et cookies maison à la main, leur bonheur de ne pas être en soirée. Et non, ce n’est pas "triste". C’est même devenu stylé.
Le JOMO, c’est l’art de savourer l’instant présent, loin du chaos, sans chercher à comparer ou à performer. Plus besoin de poster en direct ce qu’on mange ou qui on voit. On cuisine, on lit, on dort tôt. Et on ne se demande plus ce qu’on rate : on kiffe ce qu’on vit. C’est un peu comme si Bénabar et Marie Kondo avaient eu un bébé : le plaisir de rater une fête mixé avec la joie de faire du tri dans sa vie sociale. Moins de sorties, moins de pression, mais plus de qualité. Car oui, JOMO ne veut pas dire tout refuser. Ça veut dire choisir mieux. Prioriser. Et parfois, juste ne rien faire. Et c’est ok.
Quand le JOMO devient un mode de vie
Le marketing ne s’y est pas trompé. Aujourd’hui, le JOMO s’invite dans le tourisme, le lifestyle et même la déco. Les études commandées par Expedia ou Abritel montrent que les voyageurs veulent de plus en plus des vacances loin de tout, littéralement. Chalets sans wifi, retraites silencieuses, cabanes isolées dans les montagnes : la déconnexion devient un argument de vente.
Mais pas besoin de partir loin pour vivre le JOMO. Ce qui compte, ce n’est pas la destination, c’est l’intention. Une soirée off, un week-end sans notifs, une après-midi à flâner sans programme : chaque micro-moment peut devenir une bouffée d’air. Il suffit d’oser dire non, de ralentir, et de se réapproprier son temps. Si le FOMO a longtemps dicté notre besoin de tout faire, tout vivre, tout voir, le JOMO vient poser un contre-rythme salutaire. Moins mais mieux, c’est ça, la vibe 2025. L'idée, c'est de trouver son propre équilibre. Être sélectif sans devenir hermétique. Être présent là où ça compte vraiment.