TikTok s’est emparé du wabi-sabi, une philosophie japonaise qui prône la beauté dans l’imperfection. Sous cet audio, des centaines de milliers de jeunes publient des vidéos où ils montrent leurs petits défauts ou leurs “ratés”, transformant l’imperfection en force. Dans un univers numérique dominé par les filtres et la quête du “sans défaut”, l’essor du wabi-sabi traduit un besoin profond de se reconnecter au vrai.
L’imperfection reprend le pouvoir
Le son viral provient d’un épisode de King of the Hill, une série des années 2000. On y entend Bobby Hill, 13 ans, affirmer : “J’aime que le mien soit un peu décalé, il a du wabi-sabi” alors qu’il refuse de choisir une rose parfaite pour participer à un concours. Sa tirade, qui prône la singularité face à la conformité, résonne aujourd’hui avec une génération qui étouffe sous les standards de beauté numériques. Vingt ans plus tard, la phrase renaît sur TikTok et devient symbole d’une quête d’authenticité ou le wabi-sabi pousse les jeunes à s’aimer tels qu’ils sont. Quand l’imperfection devient enfin tendance.
Le wabi-sabi : une beauté simple et imparfaite
Au Japon, le wabi-sabi est bien plus qu’une mode : c’est une philosophie esthétique qui valorise l’impermanence, l’imperfection et l’incomplétude. Une invitation à reconnaître la beauté marquée par le temps. Le terme se divise en deux notions :
- Wabi : la simplicité, la nature et la modestie. C’est la beauté subtile d’une fleur à laquelle il manque un pétale.
- Sabi : l’usure du temps. L’attachement qu’on éprouve pour un objet dont l’âge raconte une histoire.
Réunis, ils expriment une vérité essentielle : l’harmonie naît de ce qui est vrai, vivant et imparfait, jamais de ce qui est parfaitement symétrique et figé.
Une nouvelle voie d’acceptation de soi
Sur TikTok, on y voit des vidéos montrant le coin abîmé d’un jean, une coupe de cheveux imparfaite ou des cicatrices. Adopter le wabi-sabi ne signifie pas "ne plus prendre soin de soi", mais redéfinir ce soin. On apprend à aimer sa texture de peau, ses traits irréguliers, sa silhouette unique en célébrant ce qui vous rend singulier plutôt que de courir après la perfection.
Pour beaucoup, cette tendance est libératrice : elle devient un contrepoids aux filtres et aux standards de beauté irréalistes. Certains rappellent toutefois qu’accepter son wabi-sabi cela ne donne pas le droit de juger ou de pointer celui des autres. Au final, la tendance souligne un besoin profond de sincérité : la Gen Z cherche à s’accepter pleinement. Le wabi-sabi devient un outil pour exprimer sa singularité, se réconcilier avec ses imperfections et se voir avec plus de douceur.