C’est un évènement qui restera gravé dans l’histoire ! Depuis près de deux décennies, le public français n’avait plus eu le privilège de contempler le célèbre autoportrait de Gustave Courbet. Et c’est le musée d’Orsay qui nous fait cette faveur. Depuis le 14 octobre, l’établissement expose Le Désespéré (1844-1845). L’œuvre représente le peintre au regard halluciné, mais il ne faut pas se faire de "plans sur la comète". Auparavant, cette merveille artistique avait toujours été en mains privées et, par conséquent, rarement présentée au grand public. Son actuel propriétaire, La Qatar Museums Authority, l’a confiée à l’institution parisienne pour une durée d’au moins cinq ans.

Une perle rare
Cette pièce est vraisemblablement unique au monde. Cette peinture de petit format (45 x 54 cm) n’avait pas été montrée aux Français depuis 2007-2008. Une exposition qui a eu lieu lors de la rétrospective dédiée à l’artiste réaliste, né en 1819 et mort en 1877, qui s’est déroulée à Paris, New York et enfin Montpellier. Selon l’AFP, l’autoportrait n’avait pas été exposé depuis la fin des années 70.
Une création expressive
De face, chemise blanche entrouverte, le jeune peintre de 25 ans nous fixe. Son regard est chargé d’angoisse, les mains crispées dans ses cheveux, prêt à se les arracher. Les yeux grands ouverts, le visage traversé par un clair-obscur saisissant… Courbet est-il en plein désespoir, effroi ou folie ? "Unique dans sa production d’autoportraits parce que c’est le plus halluciné, le plus fort en termes d’expression des émotions et des sentiments. C’est vraiment une démonstration de maîtrise picturale", confie Paul Perrin, conservateur en chef du musée d’Orsay, à nos confrères de l’AFP.
Une de plus à la "collection"
On peut se demander comment se fait-il que ce chef-d’œuvre n’ait jamais atterri dans les collections françaises ? En 1871, Courbet se retrouve dans la tourmente : après avoir soutenu le déboulonnage de la colonne Vendôme durant la Commune de Paris, l’État le condamne à une somme astronomique. Pour payer, il est contraint de vendre ses toiles, dispersant ainsi ses œuvres aux quatre coins de collections privées. Aujourd’hui, le musée d’Orsay parvient tout de même à en rassembler une trentaine, dont le colossal Un enterrement à Ornans et l’inoubliable, sulfureuse Origine du monde. Néanmoins, tout vient à point à qui sait attendre, et aujourd’hui, Le Désespéré revient aux sources pour notre plus grand plaisir.