Après la vague de la clean girl aesthetic, une nouvelle obsession bien-être s’installe sur TikTok : le désencombrement visuel. L’idée ? Éliminer les stimuli inutiles comme les logos, couleurs criardes, packagings agressifs pour transformer son intérieur en cocon minimaliste. En adoptant les flacons neutres, en verre ambré ou en plastique blanc cela permet de purifier leur espace et leur esprit.
Une salle de bain sans logos ni couleurs
Sur TikTok, les vidéos de réassort, de salles de bain beiges organisées et de produits soigneusement transvasés dans des contenants minimalistes cumulent des millions de vues. Les hashtags #CleanAesthetic, #MinimalBathroom en témoignent : le minimalisme n’a jamais été aussi désirable.
Cette mode consiste à :
- Retirer les étiquettes de ses produits de beauté.
- Transférer shampoings, gels douche, crèmes dans des contenants neutres, réutilisables.
- Privilégier des matériaux et couleurs apaisants : blanc, beige, bois, verre fumé.
Résultat : des étagères harmonieuses, une uniformité visuelle, un décor digne d’un spa japonais ou d’un hôtel scandinave.
Un allié à la charge mentale moderne
Derrière ce geste esthétique se cache un besoin plus profond : retrouver un environnement mental apaisé. Comme l’explique Anne-Céline Duran Pereira, experte du marché de la salle de bain, un espace saturé d’objets et de couleurs envoie au cerveau une multitude de signaux et de rappels : produits entamés, objets à ranger, tâches en attente. À l’inverse, un espace épuré apaise immédiatement :
- Offre une sensation de calme.
- Une meilleure lisibilité de l’environnement.
- Une véritable légèreté mentale.
Le vide devient alors un outil de bien-être à part entière, une pause dans un quotidien saturé d’informations, de notifications et d’injonctions. La salle de bain devient donc en quelque sorte un refuge, un lieu presque méditatif.
Un geste anti-surconsommation
Derrière cette esthétique inscrit une volonté de dire stop aux injonctions. Les slogans inscrits sur les produits : peau brillante, cheveux parfaits, anti-âge miracle qui renforcent la culpabilité et l'anxiété. En retirant les étiquettes, on retire aussi la pression et on s’éloigne d’une consommation dictée par les logos. Le minimalisme devient alors un refuge, un retour à la simplicité, à des objets neutres, utiles et maîtrisés. Trop de stimuli, trop d’infos, trop de tout ne se limite pas à la salle de bain : il gagne la cuisine, le salon, la chambre. Le principe reste le même : épurer pour respirer, réduire pour apaiser.
Des effets positifs mais des dérives possibles
Le minimalisme visuel permet de limiter les distractions, de diminuer le stress et de retrouver un environnement plus calme. Plusieurs études soulignent les bénéfices de ces environnements épurés. Des chercheurs de l’Université de Londres ont montré que les salles de classe trop décorées activent fortement l’attention des enfants en nuisant à leur concentration. Aux États-Unis, d’autres études révèlent qu’un intérieur rempli d’objets augmente le stress et que la surcharge visuelle réduit les capacités de rester concentrer. En clair : plus l’espace respire, mieux notre cerveau respire aussi.
En revanche, les réseaux sociaux valorisent toujours les espaces “parfaits” et cela peut créer un sentiment de comparaison, d’échec pour ceux qui n’arrivent pas à atteindre un tel niveau de minimalisme. Mal pratiqué, le désencombrement visuel peut donc devenir une nouvelle source de stress plutôt qu’un véritable outil de bien-être. L’idée n’est pas de viser la perfection mais de créer un espace qui apaise l’esprit.