La scène est très courante. Trop courante. Deux personnes, ou plus, sont en pleine discussion, quand l’un d’eux sort son smartphone. Un texto, une notification ou une soudaine envie de scroller, parce que ça fait longtemps. Ce phénomène pas si nouveau porte un nom : la technoférence. Inventé en 2012 par le chercheur en psychologie familiale Brandon McDaniel, il désigne les interruptions quotidiennes par les « dispositifs technologiques numériques et mobiles » de nos interactions. Le chercheur étudiait alors les effets des écrans sur les interactions dans les relations parentales et amoureuses.
L'impact de la technoférence
Si recevoir un message ou consulter une notification ne prend en général que quelques secondes, l’action a tout de même un impact mentalement. Dans les relations parents-enfants, les études démontrent que ces interruptions peuvent compliquer la mise en place du lien d’attachement. Elles influent également sur la manière dont l’enfant va construire sa communication, à cause notamment des interruptions du contact visuel. À cause de ces notifications, l’adulte, en plus de "couper le contact visuel", ne sera plus - ou plus autant - disponible mentalement s’il doit soudainement penser à répondre à un mail, aller chercher un colis ou organiser une soirée entre amis. Brandon McDaniel considérait dans ses recherches la technoférence comme un danger pour la santé mentale des enfants. Parmi ses conséquences documentées aujourd’hui, on compte la perte d’attention, le manque de concentration ou encore une baisse de l’empathie.
Un phénomène de moins en moins apprécié
Les situations de technoférence sont cependant de moins en moins supportées. Selon une étude réalisée par Sociovision, une grande majorité des Français sont mal à l’aise dans ce genre de situation. 76% d’entre eux déclare que, quand ils discutent avec autrui, "cela les dérange qu’ils interrompent la discussion pour consulter leur smartphone. Au Royaume-Uni, ce chiffre atteint 81%, et grimpe jusqu’à 84% en Allemagne et en Espagne. L’étude démontre aussi que cet agacement touche toutes les franges de la population. Si les générations les plus âgées sont les plus contrariées par ce phénomène, 7 jeunes de moins de 25 ans sur 10 sont eux aussi dérangés.