En juin dernier, le réseau social Tiktok bannit le #skinnytok de sa plateforme, suite à de nombreux mois de pressions des autorités européennes. De l’anglais "skinny" signifiant "maigre", le mot-clef accompagne de nombreuses vidéos où de jeunes femmes minces partagent "astuces" et motivations pour perdre du poids. Malgré l’interdiction du hashtag, le contenu subsiste. Sur le réseau, les vidéos valorisant la maigreur restent accessibles en une simple recherche.
"Astuces" et culpabilisation
Sur Tiktok ou ailleurs, les "conseils" pour perdre du poids ne manquent pas. La minceur y est - à tort - mise en avant comme signe de bonne santé et de bien-être mental. Si certains promeuvent le sport, une alimentation équilibrée ou la marche, d’autres s’avèrent plus dangereux. C’est le cas notamment du détournement de l’Ozempic, un médicament antidiabétique ayant pour effet secondaire de couper la faim. On conseille également aux jeunes femme de boire de l’eau pour "tromper la faim". Dans les vidéos de certaines créatrices, on peut aussi entendre "mange peu pour être mince, mange beaucoup pour être grosse", ou encore "arrête de te récompenser avec de la bouffe, tu n’es pas un chien".
Injonctions et santé mentale
Face à ces contenus, de nombreux médecins et associations s’inquiètent d’une banalisation des troubles du comportement alimentaire (TCA), touchant principalement les femmes. En France, près d’un million de personnes souffrent de TCA. Selon l’Assurance Maladie, la moitié d’entre eux n’est pas diagnostiquée et n’accède pas aux soins. Dans un article pour le journal La Croix, le psychologue Michaël Stora dénonce "l’idéalisation" des jeunes influenceuses et de leur mode de vie par les adolescentes. Ces dernières vont "désirer être comme elles, mais culpabiliser de ne pas y arriver ». Un idéal menant à « des conduites de type anorexique.
Qu'en est-il du mouvement body positive ?
Le contenu offert aux adolescentes d’aujourd’hui rappelle fortement les injonctions imposées aux femmes dans les années 90 et 2000. Sur les réseaux, les podiums ou dans les publicités, les femmes grosses se font de plus en plus rares. Il y a quelques années, le mouvement body positive mettait en avant la diversité des corps afin de combattre le culte de la minceur et ses effets sur la santé mentale des femmes. L’influenceuse grande taille Virginie Grossat dénonce dans une interview au journal Le Monde une volonté, notamment des marques, de rompre avec le body positive pour se donner une image "plus sobre et BCBG. La montée en puissance des idées conservatrices, notamment aux États-Unis, serait liée à ces retours en arrière en matière d’inclusivité. Il reste tout de même de nombreuses influenceuses et associations engagées pour une plus grande représentation des corps, comme Marie de Brauer, Amal Tahir ou encore Gras Politique.