Il y a des come-back mode qu’on n’avait pas du tout vu venir. Après le retour du jean taille basse, des ballerines et du léopard, c’est au tour d’un autre vêtement des 2000’s de reprendre le pouvoir sur nos feeds : le tankini. Entre élégance et praticité, ce maillot mi-bikini mi-une-pièce joue la carte de la discrétion tout en offrant un confort appréciable. Une alternative parfaite pour celles et ceux qui veulent profiter du soleil sans compromis.

Qu'est-ce que le tankini ?
Pour ceux qui auraient volontairement supprimé ce souvenir de leur mémoire, petit rappel : le tankini, c’est un maillot de bain composé d’un bas classique (culotte ou string) et d’un haut qui couvre le ventre, un mix entre le débardeur et le crop top. L’invention date de la fin des années 90 aux États-Unis. C’est la styliste américaine Anne Cole qui en popularise le concept. L’idée est simple : offrir une alternative au bikini, jugé trop dénudé et au maillot une-pièce, considéré comme trop classique. C’était le maillot de celles qui voulaient être à l’aise sans tout montrer.
Le tankini, contraction de "tank top"(débardeur) et de "bikini", devient alors LE maillot hybride des années 2000. Longtemps associé aux vacances à Palavas en famille et aux piscines municipales, le tankini avait disparu des radars mode, éclipsé par la vague du micro-bikini, du string de plage et des maillots minimalistes qui faisaient fureur ces derniers étés.
Pourquoi le tankini revient maintenant ?
Comme toujours, TikTok n’est jamais très loin de la réponse. Depuis quelques mois, les vidéos qui cumulent des millions de vues s’enchaînent autour de la tendance "Modest But Hot" : comprendre des pièces plus couvrantes, plus confortables, mais stylisées et affirmées. Le tankini coche exactement toutes les cases.
Côté pop culture, certaines influenceuses et célébrités accélèrent le mouvement. On a vu le tankini ressurgir sur des looks de plage postés par Lizzo ou Bella Hadid. Et comme toujours, quand la mode s’ennuie, elle pioche dans les archives et recycle les pièces qu’on pensait définitivement perdues.

Autre facteur : le retour massif des tendances Y2K, avec une nouvelle vague encore plus spécifique, plus niche, plus kitsch. Là où la première vague Y2K était centrée sur les jeans taille basse, les strass et les crop tops, cette deuxième vague fouille dans les vêtements plus inattendus, à la limite du ringard. Des pièces longtemps considérées comme anti-mode (pantacourts, ballerines, gavroches, lunettes sportives, serre-têtes en plastique) sont en train de devenir les nouveaux graals stylistiques. Le tankini, avec son allure un peu rétro, un peu fonctionnelle, coche parfaitement cette case.

Un manifeste contre la tyrannie du summer body
Derrière le retour esthétique du tankini, il y a surtout un vrai fond sociologique. Il cristallise les préoccupations d’une génération qui déconstruit peu à peu les codes de la séduction imposée. Fatiguée de la tyrannie du bikini ficelle, du "toujours plus petit, toujours plus sexy", cette génération choisit un rapport au corps plus détendu, plus libre, sans pour autant sacrifier le style. Le tankini casse les injonctions à l’hypersexualisation qui ont longtemps dominé la mode plage. Il dit clairement : "Je peux être sexy, stylée, à l’aise, sans avoir à rentrer dans un moule". Il propose une séduction différente, décalée, moins body-obsessive, plus fun, plus safe et surtout plus inclusive.
C’est aussi une réponse hyper concrète à un besoin simple : porter un maillot dans lequel on peut bronzer, danser, aller chercher une glace, courir après sa pote, nager sans avoir à checker toutes les deux secondes si son haut a bougé ou si sa culotte est toujours en place. Le tankini devient un vrai manifeste vestimentaire. Celui d’une génération qui a grandi avec l’hypersexualisation permanente d’Instagram, mais qui choisit aujourd’hui de s’en affranchir. Une forme d’émancipation douce mais assumée, où le confort devient une revendication esthétique. Le tankini n’est plus une pièce "pour se cacher", c’est une pièce pour affirmer : "Je porte ce que je veux, pas ce que les diktats attendent de moi".