Dans le 18e arrondissement de Paris, au pied de Montmartre, les studios de La Fémis ne ferment pas complètement leurs portes pendant l’été. Chaque mois de juillet, un groupe restreint d’étudiants boursiers investit ses salles de montage, ses plateaux de tournage et ses salles de projection pour un stage hors norme. Sélectionnés à l’échelle nationale, ces jeunes passionnés de cinéma entament un parcours exigeant, pensé pour leur transmettre une expérience concrète de création audiovisuelle. Porté par la Fondation Culture & Diversité en partenariat avec La Fémis, ce programme offre à des jeunes boursiers les moyens de découvrir et de pratiquer les métiers du cinéma, dans les mêmes conditions que les futurs professionnels.

Trois semaines en immersion dans les coulisses du cinéma
Au cœur de l’été, quand la plupart des campus se vident, La Fémis s’anime. Derrière les grilles de son ancien site Pathé, transformé en école publique du cinéma, une effervescence bien particulière se déploie. Quinze jeunes boursiers, sélectionnés dans toute la France, s’installent pour l’Atelier Fiction, première étape du programme "Égalité des Chances". Pendant trois semaines, ils vivent en immersion totale dans les métiers du cinéma. Le matin, ils rencontrent chefs opérateurs, réalisateurs, ingénieurs du son ou monteurs, tous professionnels en activité.
L’après-midi, ils passent à la pratique : en équipes, ils écrivent, tournent et montent leurs propres courts-métrages. Caméra à l’épaule ou casque sur les oreilles, ces jeunes apprennent à collaborer, à diriger une équipe, à se confronter aux contraintes techniques, mais aussi à faire entendre leur regard. Pour beaucoup, c’est la première fois qu’ils évoluent dans un cadre aussi professionnel. Matériel haut de gamme, vocabulaire technique, exigence de précision : tout est fait pour les immerger dans les conditions réelles d’un plateau de tournage. Un cadre stimulant, mais exigeant, où se mêlent émotions fortes, doutes, élans créatifs et travail acharné.
Un tremplin vers l’excellence
Loin d’un simple stage d'observation, l’Atelier Fiction est conçu comme une première marche vers l’excellence. S’il ne garantit pas une place à La Fémis, il permet à ces jeunes de découvrir les attentes du concours d’entrée et de prendre la mesure de leur propre désir de cinéma. L’enjeu est de poser les bases d’un projet artistique personnel, affirmer une voix, et gagner la légitimité qu’on ne leur avait parfois jamais reconnue.
Le dispositif repose sur une sélection rigoureuse, où chaque dossier est examiné selon des critères sociaux, scolaires et surtout de motivation. Aucun traitement privilégié, aucune voie parallèle : les participants du programme passeront le concours dans les mêmes conditions que tous les autres candidats. L’ambition n’est pas de contourner les exigences, mais d’y préparer les plus éloignés.
Une formation globale étalée sur un an
Si l’Atelier Fiction constitue le cœur battant du programme, il s’inscrit dans un parcours plus large, échelonné sur l’année suivante. À l’automne, l’Atelier Documentaire permet aux élèves de s’initier à la captation du réel et au travail de l’image. En décembre, l’Atelier Concours les prépare de manière ciblée aux épreuves spécifiques du concours d’entrée. Enfin, entre mars et mai, l’Atelier Films les plonge dans les coulisses de l’école en les intégrant aux équipes techniques des étudiants de première année.
Chacun de ces modules complète l’expérience initiée en juillet, en multipliant les angles de découverte du cinéma : esthétique, technique, analytique ou logistique. Mais tous partagent une même vocation : offrir à ces jeunes un accès à la culture cinématographique qu’ils n’auraient peut-être jamais pu envisager autrement. Depuis sa création en 2008, le programme a accompagné plusieurs centaines d’étudiants. Certains ont intégré La Fémis, d’autres ont poursuivi ailleurs des parcours dans l’audiovisuel.