Longtemps resté discret, Marshall Mathers alias Eminem sort du silence avec Stans, un documentaire sans filtre sur un phénomène qu’il a lui-même contribué à créer. En s’intéressant à ses admirateurs les plus dévoués, le rappeur offre un regard à la fois critique et émotionnel sur la culture du fanatisme, entre passion, obsession et culte de la personnalité. Mêlant archives, reconstitutions et témoignages, Stans promet une expérience cinématographique à la frontière entre récit personnel et étude sociale. Une démarche audacieuse pour un artiste aussi énigmatique que lui.

Un titre culte devenu réalité
Dans l’imaginaire collectif, le mot "Stan" évoque d’abord une chanson emblématique. Sorti en 2000, ce morceau sombre raconte l’histoire d’un fan dérangé dont la fixation sur Eminem vire au drame. Depuis, le terme a traversé les années, jusqu’à intégrer le langage courant pour désigner les fans ultra-dévoués, au point d’en oublier toute limite.
Avec ce documentaire, Eminem revient sur la trajectoire culturelle du mot et sur ses répercussions bien réelles. En interrogeant les racines du phénomène, Stans montre comment une œuvre de fiction a fini par influencer la perception même du fanatisme. Et surtout, comment elle a forgé une communauté aussi bruyante que fidèle autour de l’artiste.
Des fans au cœur du récit
Pour ce projet, Eminem a ouvert la parole à ceux qui l’admirent sans réserve. Loin de se contenter d’un regard distant, Stans donne la voix aux passionnés eux-mêmes. En 2024, un appel à témoignages avait été lancé, récoltant des centaines d’histoires intimes, parfois touchantes, parfois troublantes. Certaines ont été sélectionnées pour nourrir la narration du film.
À travers leurs récits, on découvre l’impact profond qu’un artiste peut avoir sur la vie de ses fans, de la catharsis émotionnelle à la quête d’identité. Ce parti pris narratif, centré sur l’humain, transforme le documentaire en une galerie de portraits vibrants, où la frontière entre admiration et obsession se brouille dangereusement.
Un format événementiel à l’échelle mondiale
Aux États-Unis, il sera projeté pendant seulement quatre jours du 7 au 10 août dans les cinémas AMC. Cette stratégie, déjà utilisée pour des films de Taylor Swift ou Beyoncé, vise un public ciblé et passionné.
À l’international, plus de 1 600 salles dans une cinquantaine de pays participeront à cette diffusion éclair. Une exposition mondiale pour un sujet très ancré dans la culture américaine, preuve que la figure d’Eminem continue de fasciner bien au-delà des frontières du rap. Et pour ceux qui manqueront ces séances, le film sera bientôt accessible sur Paramount+, en streaming. Aucune date de sortie n’a encore été donnée pour la France.
Un regard introspectif sur sa carrière
Plus qu’un documentaire sur ses fans, Stans est aussi une relecture de la trajectoire d’Eminem. Avec ses archives rares et ses interviews inédites, le film revient sur les grands chapitres de sa carrière : de The Slim Shady LP à The Marshall Mathers LP, en passant par Lose Yourself et ses 15 Grammy Awards.
Mais Stans ne cherche pas la glorification. Le documentaire met en lumière les contradictions d’un artiste tiraillé entre exposition médiatique et besoin de repli. Cette tension est au cœur de sa relation avec ses fans, comment gérer un culte que l’on a contribué à bâtir ?