80 000. C’est environ le nombre d’individus qui, chaque année au Japon, décident d’abandonner leur vie et de disparaître. On les appelle les "jȏhatsu", en français les "évaporés". Évaporés, c’est le nom du documentaire Arte réalisé par Andreas Hartmann et Arata Mori sur le sujet. Diffusé sur la 7 ce lundi 17 novembre, le documentaire reste disponible en ligne sur le site de la chaîne jusqu’au 23 décembre.
Le phénomène des évaporés
Chaque année au Japon, des milliers de personnes font le choix de disparaître. Si beaucoup d’entre elles reviennent ou sont retrouvées, d’autres s’évanouissent dans la nature : les évaporés. Pour fuir la mafia, une relation toxique, la dette ou encore le déshonneur, ces individus choisissent de tout laisser tomber. Nombre d’entre eux choisissent même de faire appel à des entreprises spécialisées dans ce type d'évasion. Ces dernières sont légales mais profitent de plusieurs zones grises dans la loi pour agir.
Des témoignages poignants
Dans Évaporés, Arte donne la parole aux premiers concernés afin de mieux cerner le phénomène. Le documentaire se construit uniquement autour de témoignages et de portraits. Pour la première scène, les auteurs suivent Saita, patronne d’une entreprise de "déménagement nocturne", en train d’aider un client à s’évader. Parmi les interrogés, le docu suit notamment plusieurs évadés. Certains regrettent leur choix, d’autres ont été retrouvés par leur famille. On y voit aussi le point de vue d’une mère à la recherche de son fils, disparu depuis plusieurs mois. Cette dernière se voit confrontée au silence des institutions, la disparition de son fils étant protégée par la confidentialité.
Un phénomène exagéré ?
Dans une interview accordée à Libération, le sociologue Hiroki Nakamori met toutefois en garde contre une amplification de ce phénomène par la fascination qu’il provoque en Occident. Selon lui, le sujet mérite d’être plus nuancé, notamment car "la plupart des disparus reviennent d’eux-mêmes la semaine suivante". Il s'inquiète et dénonce un manque de mise en perspective de la part de la presse, encensé par une "dimension mystique" faussement attribuée aux jȏhatsu.