Le Cercle des poètes disparus vient porter ses valeurs au-delà du grand écran avec une adaptation d’abord sous forme de livre puis en pièce théâtrale. Qui n’a jamais rêvé de se trouver dans la classe de l’inoubliable John Keating alors qu’il insuffle à ses élèves le libre arbitre et l’amour des mots ?
Un drame jouissif et bouleversant
L’intrigue se déroule aux États-Unis en 1959, au sein d’une prestigieuse école préparatoire pour jeunes garçons, où règnent discipline et conformisme. On y découvre des adolescents, aussi attachants les uns que les autres, scrutés par la société et leurs parents. Plongés dans le travail et subissant la pression parentale, ils trouvent un échappatoire dans les cours d’un jeune professeur excentrique M. John Keating. Animé par sa passion de la langue, il leur enseigne la littérature comme un moyen d’émancipation : "On ne lit pas et on n’écrit pas de la poésie parce que c’est joli. Nous lisons et nous écrivons de la poésie parce que nous faisons partie de l’humanité."
Il les emporte loin du carcan des conventions qu’incarne l’établissement en les poussant à vivre pleinement et à suivre leurs rêves. "Carpe Diem ! Profitez du jour présent, que votre vie soit extraordinaire" s’exclame John Keating. En leur communiquant son goût pour la poésie au-delà de la métrique, ce professeur souligne l’importance de saisir chaque moment et de vivre sans regrets. Il ajoute cependant une nuance : "Sucez la moelle de la vie mais n’avalez pas l’os", leur rappelant de réfléchir avant d'agir.
Du cinéma au théâtre, il n'y a qu'un pas
Il n’est pas rare d’entendre qu’un livre a été adapté en film ou qu’une pièce de théâtre est désormais sur le grand écran… Mais qu’un film donne vie à un livre puis une pièce de théâtre ? C’est un processus complexe qui nécessite des choix radicaux pour saisir l’essentiel de l’esprit du récit. Ce choix a été porté par un rêve, celui d’Olivier Solivérès depuis une dizaine d’années. Touché par le film Le Cercle des poètes disparus ainsi que l’œuvre écrite, il s’est promis de les mettre en scène.
Accompagné de Jean-Marc Dumontet à la production et Gérald Sibleyras dans l’adaptation du script original de Tom Schulman, il a fait naître un véritable phénomène théâtral. Stéphane Freiss et Xavier Gallais, en alternance dans le rôle phare de M. John Keating, font presque de l’ombre au regretté Robin Williams qui l’incarne sur grand écran. Il apparaît tout feu tout flamme dans la peau du charismatique et iconoclaste professeur qui inspire ses élèves à s’épanouir. "Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie" exprime-t-il avec véhémence.
Quand personnes et personnages se mêlent
Récompensé de deux Molières et 6 nominations, le spectacle Le Cercle des poètes disparus conquit la critique en 2024 avec la meilleure mise en scène et la révélation masculine avec Ethan Oliel. Dans la peau de Neil Perry, le jeune comédien fait honneur à Robert Sean Leonard. Ethan Oliel marche sur les traces de son prénom inspiré d’Ethan Hawke, l’acteur de Todd Anderson au cinéma. Ce personnage touchant marque les esprits par sa timidité, sa sensibilité et sa réplique devenue culte "Oh capitaine, mon capitaine !" lui rendant un dernier hommage après son départ. Dans une ode à la vie, Todd Anderson est porté par un vent de rébellion qui change de ses habitudes et marque sa singularité.
Durant 1h50, la pièce nous transporte dans nos plus jeunes années où on apprend, aux côtés des personnages, la liberté de penser par nous-même. Le spectateur, emporté dans les rouages d’une mise en scène immersive, est épris d’amitié pour ce groupe de garçons. Happé par le jeu, il en vient à s’éveiller à la vie en osmose avec les scènes qui défilent. Cette pièce transmet liberté, confiance et foi en un avenir qui nous est propre en fonction de nos choix. "C’est dans ses rêves que l’homme trouve la liberté, cela fut, est, et restera la vérité" rappelle M. John Keating, nous appelant tous à faire ce qu’il nous plait. Dans un contexte où se dessinent les personnalités et les destins, Le Cercle des poètes disparus questionne le monde qui nous entoure et notre participation à celui-ci.
Une mise en scène qui impacte le public
"Peu importe ce qu’on pourra vous dire, les mots et les idées peuvent changer le monde" explique M. John Keating. C’est ainsi que ce spectacle, par son texte inspirant et riche en réflexion, nous incite à changer notre perception du monde. Loin de la rigueur et du dogmatisme prôné par l’école, la pièce s’axe uniquement sur les cours de M. John Keating invitant les étudiants et les spectateurs à profiter de l’instant présent. Dans une grande fraîcheur, Le Cercle des poètes disparus devient un hymne au lâcher-prise porté par le souffle intemporel du théâtre.
L’énergie fougueuse des jeunes interprètes gagnent le public dès les premières minutes. La pièce, réfléchie de façon à interagir un maximum avec le public, débute avant même l’heure annoncée par une mise en bouche musicale et dansante. Le rideau se lève sur une boule à facette et le personnage de Neil s’avance pour chanter et jouer les titres emblématiques des années 60. Les autres comédiens viennent alors chercher le public pour partager un moment de danse sur scène. Un pari réussi pour Olivier Solivérès, le metteur en scène, car en quelques minutes, la scène déborde de spectateurs.
Une tournée française tant attendue
Créé au Théâtre Antoine à Paris en 2024, la pièce change de lieu de représentation en septembre 2025 pour le Théâtre Libre dans le 10e arrondissement de Paris. Le Cercle des poètes disparus ira ensuite à la découverte de la France dans les mois à venir. Cette tournée, allant jusque 2026, commencera dans la capitale avant de se poursuivre à Carquefou, Perpignan, Cannes, Carcassonne, Mérignac, Biarritz, Voiron, Caluire-et-Cuire, Issoire, Nantes, Bordeaux, Bayonne, Grenoble, Lyon et Dijon. N’hésitez pas à réserver vos billets dès maintenant et n’oubliez pas ce que dit M. John Keating : "Je ne vis pas pour être un esclave mais le souverain de mon existence" alors Carpe Diem !
