"C’est fou que ça n’existait pas avant" : c’est ainsi que Le Parisien titrait, le 2 décembre, son article consacré à l’invention de Rodolphe Cressonnière. Dans cette publication, on découvre l’histoire de cet ingénieur installé dans l’Aube, qui a imaginé Miaro, une marque née d’un double hommage : à sa mère et à ses deux filles. Son idée ? Créer une blouse spécialement pensée pour les consultations gynécologiques. Elle s’enfile comme une robe et permet au·à la gynécologue d’effectuer tous les gestes nécessaires tout en évitant d’exposer le corps de la patiente. Une manière simple mais essentielle de préserver la pudeur et l’intimité, domaines souvent négligés dans le contexte médical.
Des soupçons de plagiat
Suite aux quelques apparitions du "créateur" dans les médias, la marque Gynecare+ publie un communiqué. "On ne fait pas un projet pour les femmes en volant celui d’une femme", peut-on lire sur Instagram. La designer et créatrice de la marque Lirjeta Maxhuni a en effet initié un projet similaire en 2022, dans le cadre de son Bachelor en design industriel au sein de l’école suisse ÉCAL. Depuis plus de trois ans, la créatrice "travaille auprès de gynécologues, patientes et couturières". Dans son communiqué, elle souligne le plagiat et la récupération de plusieurs de ses éléments sur le site de Miaro, ainsi qu’une totale absence de "traces de recherche, de développement ou de réflexion antérieure" du projet de l’ingénieur.
Un cas d'effet Matilda ?
L’effet Matilda est un phénomène décrivant le déni, la spoliation ou la minimisation des travaux scientifiques des femmes, ensuite attribués à leurs collègues masculins. Ce concept est décrit pour la première fois par Matilda Joslyn Gage, suffragette et abolitionniste, dans son essai paru en 1870, Woman as Inventor. C’est la sociologue Margaret Rossiter qui concrétise le phénomène en 1993 en lui donnant son nom, en hommage à la suffragette. Parmi les cas célèbres d’effet Matilda, on compte notamment Rosalind Franklin et ses découvertes sur la structure de l’ADN, Marthe Gautier sur le syndrome de Down ou encore Lise Meitner pour la fission nucléaire. Aujourd’hui, c’est Rodolphe Cressonnière qui est salué dans les médias pour "son invention", pas Lirjeta Maxhuni.