Atteindre la majorité ne signifie pas nécessairement entrer dans la vie adulte. À 18 ans, peu de jeunes sont financièrement indépendants, encore moins pleinement autonomes dans leur quotidien. Une étude récente d’OpinionWay pour la Fondation des Apprentis d’Auteuil, publiée en juin 2025, met en lumière les difficultés rencontrées par cette génération en transition. Entre précarité, espoir et pression sociale, devenir adulte est aujourd’hui un processus étalé dans le temps et loin d’être universel.

Le mythe de la majorité
Pour beaucoup, les 18 ans sont perçus comme un rite de passage synonyme de liberté et d’émancipation. Selon l’étude, 65 % des jeunes interrogés associent cet âge à la fête et à l’indépendance (OpinionWay, 2025). Cependant, cette vision romantique s’oppose à l’expérience réelle de près d’un tiers des jeunes, pour qui ce cap est avant tout une source d’angoisse et d’incertitudes liées aux études, à l’emploi ou à la gestion des responsabilités.
La majorité civile donne certes accès à certains droits, comme voter ou signer un contrat, mais elle ne rime pas avec autonomie. À 18 ans, 92 % des jeunes n'ont pas terminé leurs études, 95 % ne sont pas financièrement indépendants et 79 % ne gèrent pas seuls leur quotidien (OpinionWay, 2025). Loin de l’idéal de liberté, cette étape est donc souvent vécue comme un entre-deux, où les jeunes dépendent encore largement de leur entourage.
Une autonomie tardive et progressive
Quitter le domicile familial, travailler à plein temps, gérer ses démarches. Toutes ces dimensions de l’âge adulte arrivent bien plus tard que 18 ans. En moyenne, les jeunes quittent le foyer parental à 21 ans et décrochent leur premier emploi stable vers 22 ans (OpinionWay, 2025). Cette progression est directement liée à la prolongation des études, au coût de la vie et à la difficulté d’insertion sur le marché du travail.
Même à 25 ans, un tiers des jeunes n'est toujours pas autonome financièrement (32 %), et près de 20 % dépendent encore de leur famille pour des tâches de la vie quotidienne. Cette transition étalée n’est pas un choix pour tous, mais une nécessité face à des conditions économiques tendues. Le passage à l’âge adulte s’apparente ainsi davantage à un long processus qu’à un moment précis.
Une jeunesse encore très dépendante des proches
Même pour ceux bénéficiant d’un cadre familial, l’indépendance n’est pas synonyme d’isolement total. En cas de perte d’emploi, problèmes de santé, séparation les jeunes comptent massivement sur leurs proches. Près de 71 % se tournent vers leurs parents, 41 % vers leur partenaire et 27 % vers leurs frères ou sœurs (OpinionWay, 2025).
Cette solidarité familiale joue un rôle clé dans le passage à l’âge adulte. Mais tous les jeunes n’ont pas cette chance, 8 % déclarent n’avoir personne sur qui compter. Cette absence de réseau d’aide est un facteur de vulnérabilité majeur, accentuant les inégalités dans l’accès à une autonomie réelle et sereine.