Disponible sur Netflix depuis le 23 octobre 2025, la nouvelle saison de Nobody Wants This prolonge la relation entre Joanne, podcasteuse indépendante, et Noah, rabbin anticonformiste. Inspirée de la propre histoire d’Erin Foster, mariée à un homme juif après s’être convertie, la série conserve le ton vif et désinvolte de la première saison tout en approfondissant ses thèmes. L’amour y devient un apprentissage, un travail d’équilibre, une conversation continue entre deux individus qui se respectent autant qu’ils se confrontent. Chaque épisode s’attache à la lente construction du lien, à cette intimité qui s’éprouve dans la durée plutôt que dans la fulgurance. Le format reste court, dix épisodes d’environ trente minutes, mais dense, rythmé par des ellipses maîtrisées et des dialogues vifs. Loin des crises et des réconciliations spectaculaires, la série installe une tension douce, faite de gestes ordinaires et de silences signifiants.
Une rom-com apaisée et lucide
La saison 2 s’ouvre sur un couple désormais installé, confronté aux défis ordinaires de la vie à deux. Les différences religieuses, les tensions familiales et les ajustements du quotidien constituent la matière première d’un récit dépourvu de drame excessif. La mise en scène, lumineuse et fluide, traduit cette stabilité émotionnelle. Les intérieurs new-yorkais, les dîners de Shabbat et les moments de silence deviennent des espaces d’introspection où la caméra s’attarde sur les regards ou les hésitations plutôt que sur les conflits.
La dynamique du couple s’affine. Joanne garde son mordant, sa lucidité et une forme de fragilité que Kristen Bell traduit par des gestes nerveux, un humour sur la défensive, une sincérité sans mièvrerie. Noah, plus posé, gagne en profondeur. Adam Brody abandonne toute posture de séduction pour incarner un homme attentif, curieux, parfois maladroit mais toujours présent. Le couple avance sans héroïsme ni concessions forcées, par une série d’ajustements discrets qui font toute la justesse du récit.
Une mise en scène au service de la sincérité
La photographie pastel et la bande-son soignée mêlant folk, pop et touches de jazz renforcent l’impression de légèreté maîtrisée. Les titres choisis, de Selena Gomez à Kacey Musgraves, accompagnent l’évolution émotionnelle des personnages sans jamais la surligner. Les couleurs chaudes dominent, comme si chaque scène baignait dans une lumière d’automne propice à la tendresse. Les plans resserrés sur les gestes, les tissus et les repas partagés donnent à l’ensemble une texture presque tactile.
L’humour, discret, s’invite dans les respirations du quotidien. Il naît d’un échange un peu maladroit, d’un mot qui dépasse la pensée ou d’une situation trop réelle pour être parfaite. Cette approche fait écho au ton général de la série, une comédie romantique qui n’idéalise rien, mais célèbre la normalité avec une douceur assumée. L’ensemble conserve une légèreté sincère, sans se complaire dans le cynisme ni dans le drame.
Une vision contemporaine du couple
Nobody Wants This déploie une conception singulière du couple contemporain. L’amour n’y est pas un combat, mais une cohabitation d’âmes et de trajectoires. Joanne préserve sa liberté de ton et son esprit critique, Noah apprend à composer avec l’incertitude. Leur relation repose sur l’écoute, la discussion et l’humour. Les personnages secondaires contribuent à ce réalisme affectif. Morgan, la sœur volubile de Joanne, et Bina, la mère protectrice de Noah, accentuent les contrastes générationnels et culturels sans caricature.
La saison 2 marque aussi l’arrivée de nouveaux visages comme Leighton Meester dans le rôle d’Abby, une mère influenceuse à l’énergie débordante. Ces ajouts apportent un souffle plus social à la série, les épisodes s’ouvrent sur des réflexions sur la parentalité, la foi ou la vie numérique, sans alourdir le récit. La série conserve sa légèreté tout en s’inscrivant dans des enjeux actuels.
Une romance sans héros ni sauveur
Nobody Wants This redéfinit la représentation du couple à l’écran. Aucun personnage ne détient le pouvoir, aucun ne se sacrifie. L’équilibre devient la véritable intrigue et la tendresse le fil conducteur. Chaque scène tend vers la compréhension plutôt que la conquête. Le choix des showrunners Jenni Konner et Bruce Eric Kaplan renforce cette orientation, la narration se veut plus fluide, plus organique, moins centrée sur le drame.
Sous ses allures de comédie légère, la série propose une réflexion sur la confiance, la patience et la place de chacun dans la relation. L’amour, ici, n’est ni une lutte ni un miracle. Il se construit, s’éprouve, se renouvelle chaque jour dans le respect et la complicité. Cette vision apaisée, servie par une écriture précise et une mise en scène d’une grande finesse, fait de Nobody Wants This une œuvre essentielle pour comprendre ce que peut encore être la romance à l’écran en 2025.