C’est désormais officiel : rideau pour l’édition 2026 du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême. Après de longues semaines d’incertitude, de discussions tendues et de signaux contradictoires, la 53e édition du FIBD n’aura finalement pas lieu. Le service d’organisation, sous pression depuis plusieurs mois, a fini par céder face à l’accumulation de contraintes logistiques, financières et politiques qui rendaient impossible le maintien de l’événement.
Le FIBD d’Angoulême
Le Festival d’Angoulême est le grand rendez-vous des passionnés de la bande dessinée. Depuis la première édition de 1974, la ville charentaise accueille chaque année cette exhibition incontournable pour certaines et certains pendant trois jours en janvier. À chaque fois depuis quelques années, expositions, stands d’éditeurs et d’auteurs, masterclasses, dédicaces, remises de prix et parfois concerts sont au programme. Ce grand rassemblement réunit les principaux auteurs et illustrateurs francophones actuels et connaît une fréquentation moyenne de 200 000 personnes par an.
Des polémiques qui ne datent pas d’hier
Ses débuts réussis le conduisent à une professionnalisation dans les années 1980. Mais le festival connaît plusieurs polémiques depuis 2016 et son accusation de sexisme. Lors de cette 43e édition, la sélection des auteurs nommés pour le Grand Prix du festival, trente noms sont dévoilés dont aucune femme. Une nouvelle polémique survient en 2022 avec le Prix Éco-Fauve se voulant récompenser les bandes dessinées traitant l’écologie. Le sponsor principal, Raja, un distributeur d’emballages, de fournitures de bureau et d’équipements pour les entreprises, est accusé de faire du greenwashing. Pour l’édition 2023, c’est l’exposition consacrée à Bastien Vivès qui fait polémique, l’auteur étant accusé de banaliser dans ses romans graphiques d’odieux gestes sexuels.
Annulation de la 53e édition du festival
C’est officiel depuis hier : le Festival d’Angoulême 2026 est définitivement annulé. La raison de cette annulation ? L’élèvement d’une fronde de nombreux acteurs du monde de la bande dessinée, dont la gagnante du Grand Prix de la ville d’Angoulême de la précédente édition Anouk Ricard, qui s’opposaient à 9e Art+, organisateur du festival depuis 2007. Un boycott avait été lancé contre la société accusée d’opacité et de dérive commerciale, et d’avoir licenciée une salariée en 2024 alors qu’elle venait de porter plainte pour un viol survenu en marge du festival. Par la suite, des auteurs et éditeurs initialement programmés s’étaient retirés du festival.
En ce 1er décembre 2025, la société 9e Art+, par l’annonce d’un de ses avocats Me Vincent Brenot, officialise annuler la tenue de la 53e édition prévue du 29 janvier au 1er février 2026. Des désaccords avec les financeurs publics sont invoqués pour justifier cette suppression. Depuis sa création, ce ne sera que la deuxième fois que le FIBD n’aura pas lieu après la 48e édition de 2021 annulée à cause de contraintes de restrictions sanitaires liées à la pandémie de Covid-19.
Et ensuite ?
Alors qu’il traverse possiblement la pire période de son histoire, il est extrêmement difficile d’imaginer l’avenir du festival. Avec des finances déjà fragilisées, l’annulation de l’édition 2026 représente une perte d’argent immense, créant une incertitude sur la tenue d’un potentiel prochain événement. Pour cette 53e édition, une partie du programme avait été dévoilé en amont dont une exposition hommage au mangaka Kazuo Umezz et deux concours, "jeunes talents" et "BD scolaire", ont déjà été lancé. À voir également si une remise des prix sera tout de même organisée.